Renforcer la capacité de la société civile à influencer le changement

Lorsque le programme Right2Grow a été lancé dans six pays (Bangladesh, Burkina Faso, Éthiopie, Mali, Soudan du Sud et Ouganda), sa vision était claire et audacieuse : permettre à chaque enfant de réaliser pleinement son potentiel. Cinq ans plus tard, alors que le programme touche à sa fin, il laisse derrière lui une histoire forte de croissance, de résilience et de transformation, non seulement au sein des communautés où il a été mis en œuvre, mais aussi parmi les organisations de la société civile (OSC) qui ont défendu son travail et mené des actions de plaidoyer dans ces pays.

Le renforcement mutuel des capacités comme stratégie
Comme le souligne l'évaluation finale des capacités, une grande partie de ce succès réside dans le développement mutuel des capacités (MCD), une stratégie utilisée par le programme pour autonomiser les OSC et s'assurer qu'elles acquièrent les connaissances et les compétences nécessaires pour influencer les décideurs et s'exprimer d'une voix collective forte.

Dès le début, les partenaires de Right2Grow ont reconnu que le plaidoyer n'est efficace que lorsque les organisations locales sont bien équipées avec les compétences et les outils appropriés, et se sentent habilitées à les appliquer en toute confiance dans leur contexte local. Grâce à des formations et à un soutien technique adapté aux besoins, les OSC ont acquis des connaissances pratiques dans des domaines tels que « Bridge4Voices », le suivi budgétaire et le suivi des dépenses (BMET), la voix et l'action des citoyens (CVA) et la récolte des résultats, entre autres.

De l'apprentissage au leadership
Pendant des années, de nombreuses organisations partenaires de Right2Grow ont accompli un travail important au sein de leurs communautés, mais elles manquaient souvent des compétences et des capacités nécessaires pour transformer les voix locales en actions politiques. Grâce au renforcement des capacités, aux nouvelles approches et aux nouveaux outils, tout a commencé à changer. Les OSC ne sont plus des récepteurs passifs de connaissances, elles sont devenues des co-créatrices et des leaders, capables d'influencer les politiques, d'analyser les budgets et de promouvoir la responsabilité à tous les niveaux. Pour de nombreuses OSC, c'était la première fois qu'elles se sentaient pleinement armées pour s'asseoir à la table des négociations avec les responsables gouvernementaux, poser des questions difficiles et étayer leurs messages de plaidoyer avec des preuves ancrées dans la réalité locale.

Les résultats ont été rapidement perceptibles. Lors des réunions villageoises, les dirigeants locaux s'exprimaient avec plus d'assurance. Au niveau des districts et au niveau national, les OSC ont commencé à organiser des dialogues, transformant les échanges tendus en conversations constructives. Dans certains pays, les messages de plaidoyer lancés lors de rassemblements communautaires ont été repris dans les documents politiques et budgétaires, prouvant que les voix de la base peuvent porter loin lorsqu'elles disposent d'une tribune appropriée. En Ouganda et au Bangladesh, des outils tels que le BMET, introduits pour la première fois dans le cadre du programme, sont désormais intégrés dans les processus de planification des districts. En Éthiopie, dans le cadre du programme « », les plans d'action conjoints élaborés avec les gouvernements locaux continuent de façonner la prestation des services nutritionnels. Ces changements ont montré que ces connaissances n'étaient plus externes, mais qu'elles avaient été assimilées et institutionnalisées.

De nombreux participants ont admis que sans les connaissances et le mentorat de Right2Grow, ils n'auraient pas obtenu ces résultats en matière de plaidoyer.

Renforcer les organisations locales

Cependant, la croissance ne concernait pas uniquement les connaissances et les compétences individuelles. Les OSC locales ont renforcé leurs capacités en matière de planification stratégique, de création de coalitions et de communication. Dans tous les pays, les organisations partenaires sont également devenues plus efficaces dans le plaidoyer politique et l'influence sur la prise de décision, grâce aux efforts de Right2Grow pour renforcer leurs capacités organisationnelles. Au Soudan du Sud, les OSC ont franchi une étape historique en participant directement à la rédaction de la toute première politique nationale en matière de nutrition, obtenant ainsi l'engagement du gouvernement au plus haut niveau. Au Mali, les OSC ont contribué à une réalisation historique : la reconnaissance constitutionnelle du droit à l'alimentation et à l'eau.

Bien sûr, des défis subsistent. De nombreuses organisations sont encore confrontées à des ressources limitées, à des déséquilibres entre les sexes au sein de leur direction et à des systèmes internes faibles qui rendent difficile la poursuite des progrès. Des lacunes persistent en matière de plaidoyer international et d'engagement des donateurs, ce qui rend certaines OSC hésitantes à s'engager dans les espaces mondiaux où leur voix est la plus nécessaire. À la fin du programme, le roulement du personnel et le manque de financement soulèvent des inquiétudes quant à la possibilité de préserver tous les acquis.

Apprendre ensemble

Ce qui a distingué le MCD, c'est son insistance sur l'apprentissage commun. Le MCD n'a pas été simplement mis en œuvre, il a été co-créé, adapté et dirigé par les partenaires eux-mêmes. Plutôt que d'adopter un modèle descendant, le MCD a favorisé un échange horizontal de connaissances, d'outils et d'expériences, reconnaissant que tous les partenaires ont quelque chose à offrir. Les partenaires ont joué un rôle actif dans la co-animation des formations, le mentorat des OSC homologues, la transmission des connaissances et des compétences aux OSC de troisième niveau et le partage des innovations entre les pays. Les OSC du Mali ont pu partager les enseignements tirés du programme avec leurs collègues du Burkina Faso, tandis que les partenaires ougandais ont mis à profit leur expérience pour former leurs homologues à la narration et au plaidoyer. Ces échanges ont dépassé le cadre du programme lui-même pour s'étendre à d'autres projets. Les participants se sont souvent décrits non seulement comme des apprenants, mais aussi comme des multiplicateurs, transmettant leurs connaissances à d'autres membres de leurs réseaux.

Construire pour l'avenir

L'évaluation des efforts de renforcement des capacités du programme confirme que le MCD a été un catalyseur de transformation. Afin de pérenniser ces progrès, il est recommandé que les futurs programmes aillent au-delà de la formation pour renforcer l'appropriation locale, avec des outils co-créés, des processus simplifiés et adaptés à l'utilisation par les communautés locales. L'apprentissage doit être pratique et continu, grâce à un mentorat et à des échanges entre pairs, soutenus par des boucles de rétroaction qui permettent de suivre la manière dont les compétences sont appliquées, et pas seulement enseignées. Pour garantir un impact durable, les compétences doivent être associées à un soutien post-formation et à des systèmes organisationnels solides, notamment des ressources de base et le développement du personnel.

Il est tout aussi essentiel de favoriser un leadership inclusif, d'impliquer davantage de femmes et de jeunes dans la prise de décision et de veiller à ce que les voix sous-représentées soient entendues dans les espaces mondiaux de plaidoyer et de financement. Il sera essentiel d'investir davantage dans le renforcement des capacités des OSC en matière de collecte de fonds et de mobilisation des ressources afin de remédier aux faiblesses organisationnelles profondément enracinées, de pérenniser le changement et de continuer à influencer les décisions longtemps après la fin des projets.

Right2Grow a démontré que lorsque le renforcement des capacités est mutuel, ancré dans les priorités locales et axé sur l'action, il devient l'un des moteurs les plus puissants du plaidoyer, de la responsabilité et de l'impact durable sur le développement.