Un aspect crucial mais souvent négligé de l’accès à l’eau assainissement et l’hygiène (EAH ou WASH) est l'intersection entre le genre et l'EAH. Le genre est une construction sociale qui définit les rôles, les responsabilités et les attentes des individus en fonction de leur sexe. Dans plusieurs sociétés, le genre influence l'accès aux, et le contrôle des ressources, y compris les structures d’approvisionnement en eau et d'assainissement.
Pourquoi le genre est important dans l'EAH
En Ouganda, les communautés locales sont confrontées à divers défis liés à l'EAH, qui sont aggravés plus encore par les inégalités de genres. Dans la plupart des ménages, la charge de puiser de l'eau incombe aux femmes et aux enfants. Ces derniers passent de longues heures à la recherche de l'eau. Avec seulement 41 % d'accès aux services liés à l’eau et 16 % d’accès au services sanitaires de base dans les zones rurales (https://washdata.org/data/household#!/), les femmes et les enfants n’ont que peu de temps alloué à l’éducation ou aux activités génératrices de revenus. Plus encore, le manque d'intimité et de sécurité dans les installations sanitaires publiques expose les femmes et les jeunes filles aux harcèlement sexuels et aux agressions. Les structures de gestion de l'hygiène menstruelle qui sont gérées de façon inadéquate rendent également difficile la participation régulière des jeunes filles à l'école. Ces problèmes ont un impact significatif sur la santé et le bien-être des femmes et des jeunes filles, particulièrement celles qui ont un handicap.
Mutesi Zainabo, une femme handicapée de 27 ans, vit avec ses deux enfants de 8 et 5 ans. Ses enfants doivent parcourir environ 4 km pour aller chercher de l'eau dont la famille dépend pour boire, cuisiner, se laver, laver leur linge ainsi que pour irriguer leurs plantes. L'eau est sale et elle doit la faire bouillir avant de l’utiliser. Pour collecter suffisamment d'eau, ses enfants font environ 4 voyages par jour. Pendant la période scolaire, la famille vit avec très peu ou pas d'eau du tout car les enfants sont obligés de jongler entre l'école et la collecte d'eau.
"En raison de mon handicap, je fais toutes mes tâches assise, mes enfants doivent être près de moi pour m'aider à collecter la nourriture du jardin et à chercher de l'eau, c'est très difficile pour moi surtout lorsque mes enfants sont allés jouer avec leurs amis dans le quartier ou lorsque c'est l'heure de l'école, parfois ils y vont en retard ou sont obligés d’être absents car la distance est vraiment longue. Si seulement nous pouvions avoir un robinet ou un puits (forage) près de notre maison, ce serait moins pénible pour mes enfants et d’avoir accès à l'eau, surtout de l'eau potable" raconte Mutesi.
Comment Right2Grow aborde ces défis
Right2Grow a initié des dialogues entre les communautés et le district ainsi que les équipes techniques des sous-régions, les communautés locales et les curés ou chefs de paroisses. Ces dialogues ont créé un espace où les communautés peuvent présenter les problèmes auxquels elles sont confrontées, y compris les dynamiques de genre, ainsi que faire des suggestions aux dirigeants gouvernementaux. Les actions qui suivent varient de communautés en communautés et sont supervisées par les chargés de programme ainsi que des partenaires du programme Right2Grow. Ceci est fait en collaboration avec les leaders de communautés, qui suivent de très près ces engagements.
Comment inclure les dynamiques de genre dans les solutions WASH?
Pour répondre aux défis WASH dans les communautés rurales, les installations d'eau qui ne fonctionnent pas devraient être réparées, ces structures d'eau et d'assainissement devraient être construites ou l'accès à l’eau est difficile. Le gouvernement devrait toujours impliquer les communautés dans les processus de prise de décision autour du WASH dans leurs régions. Les communautés comprennent mieux ce qui fonctionne pour elles et savent qu’elles sont leurs véritables défis. En plus, les hommes et les jeunes garçons devraient être impliqués dans ces interventions pour s'assurer qu'ils sont conscients des défis auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles, ceci pour les encourager à partager les travaux. Nous avons vu que cela fonctionne car dans certaines communautés, les hommes ont commencé à prendre la responsabilité de chercher de l'eau et de nettoyer les installations d'assainissement, réduisant ainsi la charge pesant sur les femmes et les jeunes filles.
Les inégalités de genre ont un impact significatif sur le WASH dans les communautés locales en Ouganda. Pour résoudre ces inégalités, il faut mettre en place des interventions qui tiennent compte des dynamiques de genre et impliquent à la fois les femmes et les hommes. En le faisant, nous pouvons promouvoir l'égalité des sexes et améliorer la santé et le bien-être des communautés.
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